Vous savez, durant notre vie nous traversons des phases de bipolarité où nous abordons des comportements, des styles vestimentaires et des modes de vie contradictoires. En regardant en arrière, certains de nos tempéraments nous semblent désuets, parfois ridicules. Pourtant, c’est ce qui nous façonne et nous permet de constituer notre personnalité finie. Lorsque je regarde la discographie d’ Hamza depuis son début de carrière, je retrouve un sentiment similaire.

Petit à petit, il a crayonné une courbe aux fortes variations. Disons que sur ses premiers succès avec les mixtapes H24 et Zombie Life, nous avions une empreinte très trap provenant d’Atlanta, ne serrait-ce par le format où  un maximum de track y était inséré. Quitte à mettre des brouillons pour voir si un hit allait se démarquer du reste. Et ce fût plusieurs fois le cas avec La Sauce par exemple. Puis visuellement, on avait le droit à des vidéos cheap où, dans un décor faussement bling-bling, Hamza nous rappait ses lignes face caméra.

Sautons directement sur 1994 où un niveau va être atteint et un changement viendra se créer. Celui de devenir plus R&B et Reaggaeton, une chose qu’il nous avait d’ailleurs brièvement introduit sur l’EP en collaboration avec Ramriddlz. Mais ici, la construction du projet laisse apparaître une couleur distincte, avec presque un fil rouge sur certains titres. Les clips deviennent léchés, une ambiance est retranscrite grâce aux couleurs parfois chaude et, à d’autre moment, plus froides. Aussi, durant cette période, on le retrouvera régulièrement au côté du producteur Myth Syzer  pour instaurer un chant sous synthétiseurs digne des années 90.  Bref, il se métamorphose chaque année et dévoile une palette d’influences plus large.

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C’est pour cela qu’avec Paradise, premier album du garçon, il se devait de pousser cette prise de risque encore plus loin. A l’heure actuelle, il m’est difficile d’avoir un avis fini. Pour autant, je peux déjà constater que l’œuvre est proprement travaillée dans son ensemble mais qu’il n’entreprend pas assez de nouvelles démarches osées, que trop de pistes soient présentes uniquement pour faire belle figure. Mais il serait malvenu de ne pas noter la maîtrise de la production et du chant presque parfaite. De plus, nombreux sont les morceaux qui se démarquent, et c’est pour cela que j’ai voulu revenir sur cinq d’entre eux qui m’ont marqué dès mes premières écoutes.

Paradise 

Obligé de constater que le titre éponyme et premier single qu’il nous a envoyé brille au sein de la tracklist. Dedans, nous avons la preuve que l’on nous offre un mixage méticuleux notamment sur la superposition de la voix et de la production flottant au même niveau. De plus, le morceau propose un univers sinistre et exotique à la fois. On a devant nous un décor texan constitué de hautes herbes défraichies retranscrites par des riffs rouillés de guitares électriques. Le tout semble avoir été enregistré sur une vieille cassette qui aurait été rembobinée bien trop souvent et où des grains de sables serraient venus s’immiscer à l’intérieur. L’ambiance est réussite tout en étant novatrice au sen de la discographie d’Hamza.

HS feat. SCH

N’ayant jamais réussit à supporter la voix d’SCH, autant vous dire que la collaboration avait de quoi me faire peur. Pourtant, ce banger trap au flow prenant l’allure d’ab-libs découpées et intrinsèques m’a très vite convaincu. Entre mots plus imagés les uns que les autres comme la fameuse ligne « On t’fume devant l’poulet braisé » et notes de synthétiseurs aiguisées, le duo arrive à étinceler grâce à un charisme commun et une fusion de deux univers musicaux convaincante.

Dale x Love Therapy feat. Aya Nakamura

Depuis quelques temps, Hamza nous a familiarisé à des sonorités caribéennes faisant bouger le bassin des clubbeurs. Et c’est toujours le cas ici sous un format assez risqué avec un double morceau. Il faut dire que dès les premières secondes, on entend une reverb peut habituelle qui se placera en arrière-fond durant la première partie du morceau tout en étant complétée par un rythme ensoleillé. Au milieu, on assiste à une transition aquatique nous donnant l’impression d’être sur une île où la tranquillité y est maîtresse. En effet, le mouvement des batteries se veut plus étalé. Un échange entre Hamza et Aya s’effectue du début à la fin pour exposer les deux points de vue de cette relation hésitante. Pas aussi pop qu’on aurait pu croire, le titre devient d’autant plus percutant.

Henny me noie

Ce morceau pourrait retranscrire la pochette de l’album. Dans un premier temps, Le flow semble dilué dans l’eau car peu audible. Mais au bout d’une minute, il redevient habituel, comme si Hamza venait de sortir sa tête hors de la mer d’Hennessy. De manière incessante,  un grincement se balance de droite à gauche et où dessus, il pose sa voix pour nous conter les bienfaits de sa boisson favorite et l’attitude que cela entraîne. La mélodie coule aisément dans nos oreilles nous rendant dépendant au produit.

Minuit 13 feat. Christine and the Queen & Oxmo Puccino

Il faut bien reconnaître que tous les featuring sont un succès. Et celui qui fait prendre le plus de risque à Hamza est bien celui où se mêle le chant de Christine et le slam du vieux sage Oxmo. Commençant par une reprise d’Everybody Gotta Learn Sometimes de The Korgis sur des synthétiseurs fluides et où notre rappeur s’impose juste après avec un murmure monstrueux écrasé sous l’autotune puis déverse le couplet concluant l’œuvre. Puccino, lui, est venu pour quelques nobles paroles moralisantes sous forme de poème. Le risque est maximal de par cette balade électro aux nappes légères nous disant au revoir parcimonie.

 

Adepte des métaphores plus étranges les unes que les autres, j’aime exposer les artistes tels des entités nous aidant à comprendre notre vie sur terre. Toujours à la recherche du bon et du mauvais goût, je suis ici pour vous rappeler à quel point le hip hop regorge d’une deuxième lecture parfois insoupçonnée.